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lundi 22 août 2011

Tour de l'Oisans et des Ecrins


Et voilà! Nous sommes le mercredi matin, il est 8h00, la course va partir.
9 mois que je le sais, que je me prépare, que j'ai cette course en tête, mais pas de stress. Je me suis promis de me forcer, pour me tester sur un gros ultra, de me prouver que je pouvais bien tourner. Enfin, par rapport à mon potentiel, parce que par rapport aux meilleurs, il y a de la marge!

Mon potentiel?
Hier, j'ai profité du temps du retrait du dossard pour me faire tester la forme. Mme Hild, diététicienne Grenobloise a eu la gentillesse de proposer des tests toute la journée à qui le demandait. (même mon père y est passé). Elle m'a donc fait prendre la position du cowboy et m'a détaillé tout un lot de paramètres.

Je n'ai pas tout retenu, mais les plus importants sont:
  • que j'ai un rapport muscle/poids légèrement supérieur à la moyenne (bon entrainement pour les côtes)
  • que j'ai un léger déficit hydrique (ne pas oublier de s'hydrater pendant la course!)
  • que j'ai un excellent indice d'activité métabolique de 8.93 quand la moyenne est de 6.91 (à partir de 9, on pourrait suspecter le dopage)
J'arrive donc au mieux de ma forme pour cette épreuve.


Beaucoup de kikoureurs!

l'effervescence du départ
Mercredi 8h08, nous voilà parti.
Nous sommes presque 300 à faire un petit tour derrière les 2 alpes aux pieds des pistes et déjà une première montée. Les gens sont fous! Ça part à toute vitesse, on se croirait sur un trail de 20 km! Moi qui ai l'habitude de partir trop vite (hein Tidgi?), là, je ne suis pas!
pour l'instant, tout va bien
Mais voilà, c'est déjà la descente et je me sens gêné. Je me place et fini par trouver un groupe qui descend à un rythme correct. Seulement, mon cardio m'indique que je tape à plus de 150. Ah oui! Je ne vous ai pas parlé de mon cardio!
Les 2 alpes - Les Terrasses

Mon cardio.
Ma tactique de course est simple, mais difficile.
Simple parce qu'à l'expérience, je me dis que je peux tenir tout le tour en tapant à 140 puls le plus possible.
Difficile, parce qu'à cette « vitesse » je pars pour un chrono espéré de 45h

Mercredi 8h41: Le Freney d'Oisans
Mince! 9 minutes de retard sur l'horaire prévu alors que je suis descendu « trop » vite. J'ai juste oublié que je n'avais pas planifié la montée et je ne m'étais pas rendu compte que le départ était en retard de 8 minutes.
Peu importe, j'ai un premier coup au moral. J'ai un peu chaud, je décide de faire ma première pause pipi, de me changer et de refaire mon sac... Un arrêt bien long qui me permet de voir Martine passer et de repartir avec Mathias... pas longtemps, parce qu'il grimpe bien trop vite pour moi, le bougre avec ses chaussures de route. Mais il n'est pas le seul. J'essaye de contrôler mon cardio, mais j'ai l'impression que presque tout le monde va plus vite que moi. Tout le monde me double et je ne rattrape personne.
si vous pensez qu'il y a plus de nuages, tapez 1
si vous pensez qu'il y a plus de montagnes, tapez 2

Et alors? Et mon corps d'athlète? Mais que m'a raconté la diététicienne? Il faut se rendre à l'évidence: je suis super bien préparé, mais une deux chevaux reste une deux chevaux, même avec des élargisseurs d'ailes, ça ne sera jamais une Ferrari!
Le premier ravito est au col de Cluy, il pleuvote. Je ne traine pas, j'ai 7 minutes de retard. En fait, je ne le sais pas, mais je suis monté au rythme prévu. Seulement, j'ai l'impression de traîner.
on a du mal de savoir où est le col

Dans la descente, je double une méduse. Heureusement qu'il y a les descentes pour que je double ;o)
une coureuse dans le vent

Puis le col de Sarenne est long à atteindre par une route en faux plat. La pente est suffisamment forte pour que je ne m'autorise pas à courir. D'ailleurs, ceux qui le font ne me laisse pas sur place. je taille la bavette avec Chantal.

En haut, j'ai (déjà) un gros quart d'heure de retard.

Dans le descente, alors que je tataille avec Chantal, nous sommes rattrapés par LE team.
Le team CA kikourou
au premier plan: Land., l'castor junior et l'épaule du fulgu
Hé oui! A part Mathias qui est devant et Olycos qui est pacer de Benos, nous sommes 4 membres du CA de l'assoce: TomTrailRunner, l'castor junior, Land. et moi. Un gruppetto qui se scindera dès les premiers mètres de bitume après Clavans le bas: Tom part de son allure légère. Je préfère calmer le jeu.


TomTrailRunner

Mercredi 11h34: moulin de Besse en Oisans
Vient alors une bonne petite côte et enfin, le deuxième ravitaillement, celui de Besse. Mon sponsor et mes plus fidèles supporters, sont là.... enfin, je veux dire que mon père est là ;o)
une belle petite grimpette

sous les pavés, une plage de repos
rappelez vous du coureur aux cheveux gris derrière moi

Il m'accompagne au ravitaillement, s'inquiète de ma forme et me dit qu'il vaut mieux que je prenne du retard.
pas de bière?

 La route est longue et beaucoup vont (trop) vite. Il est midi, ça tombe bien: je me restaure vite fait et repars avec L'castor Junior et Xavhië.
il y a de la pente, j'suis sur qu'il y a des dahuts la nuit


Ce dernier m'apprend qu'il faut profiter des montées pour récupérer... donc, là, il doit bien récupérer, parce que le col Nazié se fait attendre. J'y arrive avec presque ¾ d'heure de retard: mais qu'est ce que je fais! Ça traîne! J'suis naze!
Mercredi 13h19: col Nazié
Et ce n'est pas le plateau d'Emparis qui me permet de me refaire: c'est gras! Si je plante mon bâton, il me faut l'arracher pour le récupérer. La pluie tombe sans discontinuer mais je ne la sens pas: fabuleuses ces manchettes kikourou disponibles dans votre meilleure boutique!

Je marche plus que je ne cours, mais je reste debout. Beaucoup autour de moi ont sali leur fond de cuissard… et je ne parle pas des célèbres Landinades…




là, je crois qu'on est sensé voir la Meije



Mercredi 13h54: col du Souchet
Lorsque je suis dans le village du Chalezet, je cherche mon chemin. Il suffit d’aller tout droit, mais j’ai peur de me tromper. Finalement, j’aperçois un autre coureur au loin sur la route. Je repars à vive allure tout doucement, parce que ça monte.
villge du Chazelet

Une descente nous permet de rejoindre le troisième ravito, celui des Terrasses. C’est sous une pluie battante et sous les acclamations du public lyonnais, que j'atteins ce havre de chaleur.

Mercredi 14h56: les Terrasses
Bon ! J’arrive un peu tard.
Jupette m'annonce au téléphone que je suis 187ème
187ème sur 281 au départ. 
Je suis loin de la place que j'espérais. Je ne comprends pas comment, ni pourquoi. D'accord, j'ai un peu dérivé sur mon chrono, mais mon tableau de marche est sensé m'amener en 45H à la fin et je devrais être dans le premier tiers du classement. A moins qu'il y est beaucoup de costauds... ou d'erreur de gestion de course. On jugera à la fin.
Le ravito est terrassé: un peu dégarni en choix et la poudre a disparu rapidement. Je ne pourrai donc pas tester l’Evinov aujourd’hui. Vraiment dommage ! Mais j’y reviendrai. Pour l’instant, je reste sur mon mélange tout prêt. Ah oui! Vous ai je parlé de mon mélange?
Le mélange de Papy :
Lorsque Papy a initié son post sur l’hydratation en course, il ne pouvait pas mieux tomber. C’est un de mes gros défauts, et je le sais. Cette discussion très intéressante m’a permis de me remettre en question sur ma gestion de course et surtout de connaitre un mélange fait maison qui me convient très bien et que j’ai déjà pu tester sur des courses jusqu’à plus de 10H. Depuis, je rempli ma poche à eau avec le dosage suivant : 1 litre d eau + 30 g de glucose pur + 80g de Caloreen, ce qui donne une osmolarité de 244…
qui a dit que j'ai l'air shooté..... il n'y a même plus de poudre
Les Terrasses - Le Monêtiers

mercredi 15h06: c'est reparti
La chaleur du ravito invite à la paresse. Mais je me secoue et je ressors (sboïng !) alors qu’Elcap arrive. Son objectif étant similaire au mien, cela me confirme que faire 45H dans ces conditions semble difficile. Les premiers mètres sous la pluie me font l'effet d'une douche froide, je suis vite remis dans le bain, et j’attaque cette descente savonneuse jusqu’à la Grave. Au début, je n’avance pas trop vite (c’est moi qui lave mon cuissard !), mais Goldenick me double et je suis son rythme. Au bout d’un moment, je m’habitue à ce que mon pied se dérobe lorsque je prends appui. Et je me surprends à penser à autre chose, suivant mécaniquement ce Goldenick jusque La Grave. Nous ferons route commune 5 à 6 kilomètres, jusqu'au pont d'Arsine où mon père m'attend.

Mercredi 16h22: le pont d'Arsine
Je soigne mon style pour satisfaire le photographe. Comme mon père campe là avec la section du Club Alpin de Nancy, les affaires ne sont pas loin. Je lui demande d'aller me chercher de la poudre pour refaire le plein de ma poche. Il revient avec sa voiture et un ravitaillement sauvage. Je sais, ce n'est pas bien, c'est interdit, mais j'ai la conscience tranquille puisque je devait refaire le plein aux Terrasses et que je n'ai pas pu.

je n'ai pas les cheveux gras, ils sont mouillés!

Au moment de repartir, je suis rejoint par l'castor junior. Je décide d'aller tranquillement avec lui jusqu'au Monetiers. Nous devisons tranquillement, le rythme s'en fait sentir et Xavhië s'échappe.
tourisme hydraulique à faire frémir un castor


oh la vache! elle est musclée.

Mercredi 18h40: le col d'Arsine
La descente se fait dans le même rythme. J'ai une heure de retard sur mon horaire, mais je ne m'en soucie même pas. Et je ne sais pas pourquoi.
le Petit Tabuc au réou d'Arsine
Toutes les filles qu'on croise nous font de larges sourires... serait ce elles qui ont débalisé et elles rigolent de nous voir jardiner à 500m de la première base vie?
Mercredi 20h02: première base vie
Nous arrivons dans un endroit chaud et sec, débordant de copains. Beaucoup de kikous sont là, mais pas mal repartent déjà...
je vais essayer d'enrailler cette faim


l'castor est déjà prêt à repartir





On s'assoit et, comble du luxe, un repris de justice est aux petits soins pour nous. Mon père peaufine le service. Je n'ai qu'à me laisser choyer et changer de vêtement et de chaussures. Si j'avais su comment était le terrain, je n'aurais pas mis mes chaussures neuves et mes meilleures chaussettes pour cette première partie, j'aurai mis mes vieilles running spéciales Saintélyon, légères mais avec des crampons. Les voilà « gaujées », comme ils disent à Dijon. Pour l'instant, j'ai les pieds à l'air, ils sèchent, mais bientôt, je mettrai des chaussettes sèches dans des chaussures trempées. Je les changerai à Vallouise pour mettre mes vieilles Salomon.

Mercredi 21h01: c'est reparti
J'avais prévu une pause restreinte à une demi-heure, mais je suis resté dans le confort une heure. Je ressors de la salle avec 1h50 de retard sur mon planning. L'castor est déjà reparti depuis un moment.
Le Monêtiers - Vallouise

toc, toc, toc,toc,toc, toc, toc,toc,toc, toc, toc,toc, c'est reparti
le coureur au cheveux gris, je ne l'ai pas déjà vu quelque part?
Bonnet sur la tête, serti de ma frontale, je repars seul affronter effrontément la nuit. Il ne pleut plus, c'est déjà ça. La nuit tombe vite sous les arbres et il n'est pas toujours facile de trouver son chemin. Je me retrouve deux fois dans un ruisseau et une fois sur une sente où il me faudrait marcher à 4 pattes pour avancer... mais je fini par accéder au col de l'Eychauda.
Mercredi 22h47: col de l'Eychauda
Dommage, j'oublie de regarder mon tableau de marche, sinon, j'aurais vu que je n'ai plus que 1h25 de retard. Je suis donc monté plus vite que prévu... sans m'en rendre compte!
Nuit noire
Dans la descente, je ne cours pas, mais je double beaucoup de monde. C'est plaisant! Sauf que je ne vois pas l'castor qui est en train de se tripoter la frontale dans le noir quand je passe. J'arriverai donc avant lui à la base vie de Vallouise.
En attendant, je continue d'essayer de le rejoindre. Je double un suisse avec un phare sur la tête. Sa frontale, tellement plus forte que la mienne, porte l'ombre de mon corps devant moi. Du coup, je ne vois plus très bien où je marche. J'accélère et m'éloigne...jusqu'à la route. Et là, comme d'habitude, je fini par me faire rattraper. Nous devisons un moment, et comme tout le monde le sait, la devise Suisse a une certaine valeur...surtout en ce moment.

Jeudi 00h50: Base Vie de Vallouise
Lorsque je rentre, la surprise est immédiate. Il règne un climat bizarre: un capharnaüm étrange regroupe en une seule pièce: une zone de repas, une zone de soin, une zone de sommeil, le poste d'enregistrement à l'entrée, celui de la sortie, les sacs préparés qui attendent les coureurs, les sacs qui ont été délaissés par ceux qui sont déjà repartis... et au milieu de tout ça, les gens vont et viennent. Une véritable fourmillière.
Je suis surpris de ne pas voir l'castor... et un peu inquiet. Ce serait il perdu? Je n'ai pas long à attendre, il arrive, le mystère de la disparition du rongeur à queue plate est levé.
TomTrailRunner repart déjà. J'ai décidé de me reposer 4 heures sur cette base vie, dont 3 heures de sommeil. L'castor change d'avis et décide de tenter un petit somme au milieu du bruit. Du bruit, il y en a, beaucoup, trop. J'aurai toujours du mal de comprendre l'égoïsme de certains qui arrivent dans une pièce remplie de lits de camp et qui hurlent leur arrivée à leurs copains attablés. Je suppose qu'eux même n'ont pas prévu de dormir.
Mais comme je suis un vieux renard, à peine massé par une jolie masseuse, je saisi mes bouchons d'oreille dans mon sac et je m'alite dans un murmure. Il est prévu que je me lève peu avant 5 heures.
Mais à 4h10, l'castor vient me prévenir qu'il repart avec Land, que je les rattraperai surement. Je me retourne et me rendors...pour un cycle. Il est 5h40 lorsque j'émerge.
Je m'habille rapidement et cherche pendant presque 20 minutes cette f....e de p....n de manchette de m.... mais qui est si bien sous la pluie.
Je profite de l'evinov offert pour tester cette poudre au parfum de menthe, délaissant ma poudre perso dans le sac qui repartira aux 2 Alpes. Ma poche à eau d'un litre et demi complète, je reprends l'aventure.
Vallouise - La Chapelle en Valgaudemar

Jeudi 06h10: je quitte la base Vie de Vallouise
Fidèle à mon habitude, je ne cours pas sur cette route en pente, je marche en poussant sur les bâtons. Cette marche nordique me fait rattraper rapidement des coureurs partis avant moi. Je retrouve Chantal en train de faire le plein d'eau à une petite fontaine. Je remplis aussi mes petites gourdes frontales à l'eau claire.
la météo s'améliore

Et je poursuis la route goudronnée au même rythme.
Jeudi 07h31: entre les Aygues
Comme son nom l'indique (Aygues vient de aqua, l'eau): j'arrive enfin au petit pont sur le cours d'eau qui nous permet de quitter le goudron pour retrouver une ambiance plus montagne.

J'ai mis 1h20 depuis la base vie, exactement le temps que je m'étais fixé... sauf que j'oublie de le contrôler.
Quelques minutes plus tard, je double Land qui me dit que l'castor est quelques minutes devant moi, avec Elcap qui lui, est passé à Vallouise pendant mon sommeil. Je continue sur ma lancée.
Jeudi 07h56: les premiers névés
Il est presque 8 heures, bientôt deux heures que je marche et au moins 12 fois que je tire de la menthe de ma poche à eau. Et j'en ai déjà marre. Je n'aurais pas du changer. Mais pour l'instant, c'est supportable. Désagréable, mais supportable.

Jeudi 08h24: la cabane du Jas Lacroix
Là, je fais une erreur tactique. Plutôt que de vider ma poche pour y mettre de l'eau claire, je maintiens la boisson mentholée. Et je poursuis ma route, persuadé que je pourrai toujours me réapprovisionner sauvagement dans un ruisseau dès que je serai sorti des alpages.
on peut se reposer à la cabane du Jas Lacroix



A peine la cabane passée, les premiers rayons de soleil me chauffe la nuque. Après la journée d'hier, ça fait bien plaisir. Au loin, se dessine le col de l'Aulp Martin.

Jeudi 08h50: les derniers animaux domestiques
Bientôt la fin des alpages. J'attends avec impatience de croiser un cours d'eau. J'aime de moins en moins ce goût mentholé. Jusqu'à présent, je marchais plus vite que la majorité des « coureurs », mais maintenant, j'ai du mal de faire mieux. Je reste au rythme général et je m'aperçois qu'il m'est très difficile de dépasser les 130 puls par sec. Pas moyen d'atteindre les 140 sans avoir un sentiment de mal être. Je reste donc en dessous des 130... et ne tarde pas à me faire rattraper.

Jeudi 09h50 fin des alpages
Juste avant de sortir de la zone herbue, je fais une petite pause. Je me déchausse pour examiner mon talon qui me picote. Rien. Dans le doute, je sors un pansement anti-ampoule distribué à l'UTCO et me l'installe. Je repars, sans avoir réellement d'entrain. Je sens que je n'ai plus la pêche, mais j'avance.

le col schisteux

La dernière partie sur le schiste est plus technique que ce qu'on a fait précédemment. Ça fait du bien d'être (enfin) en montagne.
Jeudi 10h30 col de l'Aulp Martin
J'ai encore perdu une demi-heure sur mon planning horaire. Le moral n'est pas au beau fixe. D'autant plus que je n'ai pas trouvé l'eau salutaire que je cherchais.






Mais, je reste quand même 5 minutes pour parler avec ces deux bénévoles qui sont montés installer leur tente à 2700 sous la neige pour assurer notre sécurité.
Photos souvenirs et ça repart.
rappeler vous de mon voisin....
au fond, le pas de la cavale
Le bout de sentier entre le Col de l'Aulp Martin et le pas de la cavale se fait comme une fleur. Je ne comprends pas les mises en garde... ou alors, on ne parlait pas d'ici?
Jeudi 10h48: Pas de la Cavale

Enfin une grande descente! Mais je reste sur mes gardes. Avec une fin de montée laborieuse au niveau vitesse, je préfère ne pas cavaler dans cette descente. Je me contente de marcher vite. Chaque obstacle me fait accélérer: je plonge en avant, plante mes bâtons et fait deux ou trois pas pour me récupérer. Cette technique paye puisque je rattrape puis double deux coureurs qui trottinaient. Je me préserve encore et toujours, du coup, je ne cours jamais... Je profite d'un torrent pour boire un verre avant les alpages.
on vient de là


et on va là

Et je fini par arriver aux environs de midi au refuge. Quatre heures de retard sur le planning.
Jeudi 11h45: refuge du pré de la Chaumette
Je rejoins (enfin) Elcap, Stephanos et l'castor qui viennent d'arriver. Le devant du refuge est installé pour accueillir le pèlerin avec des tables en bois en plein soleil. A peine « pucé », je file dans le refuge me chercher une omelette et une bière. Ah! Une bière! J'en rêvais! Enfin, le goût de menthe est cassé.
gah! Bière!

Je m'installe, enlève mes chaussures, déballe l'intérieur du sac pour le faire sécher. Et j'accompagne à table le père et la femme d'Arnaud qui feront serre file dans la nuit prochaine.
l'castor junior


Stephanos

Mes copains partent. Je bois un peu d'eau claire (mais pas trop), refais mon sac et, deuxième erreur, j'oublie que j'en ai marre de la menthe, je repars sans avoir vidanger et re-rempli ma poche.
Jeudi 12h37: je quitte le refuge, je ne suis pas prêt à chaumer!
Évidemment, dix minutes suffisent pour m'apercevoir de mon oubli. Mais, je ne vais quand même pas faire demi-tour maintenant! Tant pis! Je trouverai peut être une source cette fois ci. Pour l'instant, comme toujours, de l'herbe et des crottes de mouton: mieux vaut s'abstenir de boire dans les ruisseaux.

Ça y est, la pluie revient. Et forte. Je ressors mon sac, remets ma veste de montagne, range mes lunettes de soleil, remets des gants... fastidieux! Mais j'ai bien fait. ça tombe serré. Je suis à l'abri sous ma capuche et j'ai presque l'impression d'être sous une toile de tente. Mon ¾ se porte à merveille. Je ne le sens pas et suis incapable de dire s'il est sec ou mouillé.
Il faut maintenant emprunter une petite rive sur le rocher mouillé. Même si je n'ai pas mes chaussures de rando, je suis content d'avoir une petite expérience de montagne.
Je fini par arriver au col.
il pleut de nouveau

Jeudi 14h27: col de la Valette
J'ai maintenant 5 heures de retard sur le planning. D'accord, je me suis arrêté 42 minutes de plus que prévu au refuge, mais quand même. Cela veut dire que j'ai perdu plus d'un quart d'heure sur le chrono dans cette montée.
Pour une fois, je ne traîne pas avec les bénévoles qui se sont réfugiés sous leur tente. Ceux là, je ne les envie pas. Le temps est pourri et à presque 2700, rester sous la pluie pour voir passer un coureur tous les 10 minutes a de quoi lasser.
ce n'est pas gras, ça ne glisse pas, mais je ne suis quand même pas tranquille.

Alors que nous descendons ce col sur une nouvelle partie schisteuse, j'entends le roulement du tonnerre. La visibilité ne doit pas dépasser 15 m. Le roulement continue, ça doit être un avion. Sauf, qu'il ne bouge pas: c'est un éboulement!
Je m'arrête, tout comme le gars devant moi. On lève la tête pour voir si un caillou nous arrive dessus. Le roulement continue encore et encore. C'est un peu inquiétant. Mais il fini par s'arrêter. Tant mieux! Nous repartons.
entre deux averses
Lors de la remontée vers le col de Gouiran, les nuages s'écartent et j'ai la chance de revoir la montagne. Il semblerait que nous n'ayons jamais risqué quoique ce soit avec l'éboulement. Tant mieux.

mais où est donc le prochain col à franchir?
Le col passé, la pluie a cessé. Le sentier se faufile jusqu'au col au dessus des alpages. Je vais pouvoir boire deux fois dans les torrents. Marre de cette menthe! Mais je n'aurai jamais la présence d'esprit de tout virer pour finir à l'eau de torrent... J'ai pourtant maintenant des hauts le cœur quand ma montre sonne, rien qu'à l'idée de boire!
Le sentier est étroit, en dévers et semble glissant. C'est un passage difficile supplémentaire. Je me demande comment ceux qui sont passés de nuit ont pu l'affronter.
Les nuages jouent à cache-cache avec la montagne. C'est joli, mais comme je ne connais pas l'Oisans, j'aurais aimé avoir des vues plus dégagées, et faire de jolies photos. Mais, déjà il ne pleut pas.
Jeudi 14h57: Col de Vallonpierre
5h28 de retard! J'ai encore perdu une demi-heure. Mauvaises sensations, mauvaise journée. L'abandon du chrono me trotte de plus en plus. Maudit trotteuse!
contrôle!

Un kikou nous accueille au pointage. Je n'ai pas le temps de retenir son nom qu'un énorme coup de tonnerre nous rappelle à l'ordre. « La consigne est de filer au refuge en bas en attendant que l'orage passe » Je file donc, tout comme mes deux prédécesseurs vers un espoir de zone sèche.
La descente se fait au milieu d'énormes troupeaux de mouton et des nuages. Si tout à l'heure, depuis le col, on voyait bien la zone du refuge, maintenant que nous y sommes, c'est la purée de pois. Par deux fois, notre gruppetto se dirige vers une masse sombre qui se révèle être un gros rocher... Comme nous tombons sur une balise et que l'orage ne s'est pas installé, nous décidons de poursuivre sous la pluie notre descente vers la Chapelle.
Je reprends mon rythme de descente et laisse mes deux acolytes.
La descente se veut être rapide. Une fois, je pause le pied gauche sur une pierre mouillée. Je glisse et pour éviter la chute, je ramène violemment le pied droit. Pas de chance, une roche me barre le passage et je m'explose le gros orteil! « J'ai beau être matinal, j'ai mal! » Bon, on regardera plus tard, j'arrive à continuer sans boiter.
ça se dégage

J'essaye de rattraper l'castor, Stephanos et Elcap. Je les aperçois au loin, accélère et fini par rattraper...des randonneurs avec un gros sac!
Je finirai par rattraper l'castor et Stephanos 700m plus bas, peu avant le refuge de Xavier Blanc. Elcap a disparu, ça nous inquiète un peu.
Nous voici sur la route. 6 kilomètres interminables pour rejoindre la troisième base vie. On a le temps d'admirer cette magnifique vallée glacière et ces cascades bien chargées. Il ne pleut plus, mais les sommets sont bouchés. Nous essayons de trottiner pour réduire le temps sur le goudron.

jolie vallée glacière

Quelques petites photos souvenir à l'entrée de la Chapelle et nous arrivons à la base vie.

Jeudi 19h24: la Chapelle en Valgaudemar
J'ai maintenant 6 heures et demi de retard! Et une furieuse envie de m'arrêter un bon moment.
Alors, un chrono déjà raté vaut il la peine de se fatiguer encore plus, de parcourir de nuit la montagne, de rater des paysages inconnus? Non! Je prends la décision de rester tranquillement à la Base Vie jusque 4 h demain matin. Je voyagerai de jour. De toute façon, avec un rendement pareil...
Après avoir découvert Biscotte alité par l'équipe médicale, je mange tranquillement, me fait masser et converse avec Elcap, enfin arrivé. Mon omelette lui avait fait envie et il s'était arrêté pour se taper la cloche au refuge de Vallonpierre que je n'ai jamais trouvé. L'ambiance est chaleureuse, que ce soit entre coureur – presque tous kikou à ce moment là- qu'avec les bénévoles. L'castor aura même du Nutella!
L'castor junior est rattrapé par le senior. Ils prennent la décision d'aller dormir au refuge des souffles pour couper la montée en deux. Je préfère m'abstenir et faire le fainéant dans la vallée.
9 heures, je vais réserver mon lit. Dommage que je n'ai pas prévu de m'arrêter à cette base vie initialement, je n'ai rien prévu pour me laver et quasiment guère plus en affaire de rechange.
9h30 je dors.
Vendredi 03h20 je me réveille
Quasi 6 heures de sommeil! Luxueux! Quand la majorité des gens évitent de s'arrêter...
Je m'habille et vais aux sanitaires du camping qui nous accueille pour (enfin) remplir ma poche à eau avec MA poudre au goût neutre.
J'y croise Françoise qui sort de sa douche avant d'aller se reposer. Pas de nouvelles de Xavhië. Il doit être loin...
Vendredi 3h48: départ de la Chapelle
Land va bientôt quitter la base vie lui aussi, mais n'est pas encore prêt. Je reprends la route seul, avec 14h47 de retard. Le ciel est couvert, il fait très noir. Je trottine puisque je peux. Aujourd'hui, je vais essayer de moins trainer. Je me sens retapé.
 La Chapelle en Valgaudemar - Valsenestre

Pas un kilomètre de passé que je me retrouve face à face avec deux frontales! Ces deux Belges cherchent le chemin et propose qu'on traverse le cours d'eau sur le pont pour suivre les traces du GR...sans balisage. J'ai su plus tard que j'aurais pu tranquillement suivre la route, mais pour l'instant, on est sur un espèce de chemin caillouteux, relativement difficile à courir.
Un des deux Belges a un super GPS et nous suivons tous les trois ses indications. Je me dis que j'ai du pot de ne pas être seul dans ces moments là.
Je ne sais pas si c'est le pot belge, mais aujourd'hui, je me sens très en forme. Je suis un peu déçu de ne pas courir, mais je n'ose pas lâcher ce GPS.
Villar-loubière
Le village a l'air joli, avec toutes ses maisons en pierres. On commence à monter. Je refais mon sac: j'essaye d'y rentrer ma veste de montagne. Mais, à la frontale, la chose n'est pas aisée. Les Belges s'échappent. Je repars bien 5 minutes plus tard!
Alors que je me retrouve dans un pré, quelqu'un me hèle au dessus de moi. J'ai raté le sentier qui partait à gauche? Merci. La journée commence bien!
La montée se fait à bon rythme, mais sans réellement forcer. Je garde en tête que je suis parti pour 1600 m de D+.
Vendredi 6h30: refuge des Souffles
J'arrive au refuge avec une heure et demie de retard sur le départ théorique de l'castor et de Stéphanos. Je jour se lève, j'ai déjà éteint ma frontale.
le ciel devient bleu
Encore un quart d'heure et je passe de l'autre coté des nuages. Du ciel bleu! Ça revigore. Je double pas mal de monde. Ça y est! Je sens la forme revenue (et l'envie de boire).
mes vacances à la mer....de nuages

Encore une heure de montée et je rattrape Benos qui tracte son pacer. J'étais persuadé avoir vu Benos dormir en partant de la Chapelle, mais c'était quelqu'un qui avait déjà repris son lit... Olycos a du mal. Je veux bien comprendre, passer du niveau de la mer à 2500 m pour faire des efforts, il manque un paquet de globules! En plus, toutes ces ardoises, ça doit lui rappeler le boulot!


benos et olicos, los dos amigos

Vendredi 8h00: col de Vaurze
14h34 de retard. J'ai gagné un quart d'heure. Je suis donc monté plus vite que prévu. La forme est là!

Je rattrape juste Stephanos qui allait partir du col. On se fait quelques photos souvenir et son pacer l'appel. Il se lance dans la descente, mais ses ampoules lui font mal. Je savoure d'avoir encore les pieds impeccables.
Passés les premiers mètres de la descente, un peu périlleux, je repars vite.
Je replonge dans les nuages et quelques fois, le sentier n'est pas si facile à suivre, encore moins à courir.
mais où est donc caché ce GR?

Vendredi 9h40: Arrivé au Désert
Les derniers hectomètres avant le ravito me permettent de dérouler un peu. J'arrive en courant. Bois un coup, grignotte du saucisson et discute un quart d'heure avec Virginie (Mme Elcap).
Vendredi 9h55: Le Désert
« Quand t'es dans le désert depuis trop longtemps (lala), tu te demandes... » s'il n'est pas temps de repartir! Ce que je fais d'un bon pas. Les pancartes annoncent aux randonneurs un trajet de 5 heures, la médecin de l'orga m'en a prescrit 3.

Porté par mon entrain, c'est le cœur léger que je monte cette cote belle (que je ne trouve pas si belle). L'affaire est aisée car de nombreux randonneurs germaniques me donnent autant de point de repères à atteindre que d'encouragement quand je double. La toute fin est fastidieuse car on retrouve de la boue collante.
En arrivant au sommet, j'aperçois Bicshow.
au fond, le col de Vaurze, franchi 3H plus tôt

Vendredi 11h00: col de Côte Belle
Bicshow me fait des photos magnifiques.

tout vient du modèle, pas au paysage....



On discute 5 minutes et je replonge vers les nuages.
Je reconnais un site que mon père a pris en photo l'an passé lors de son Tour de l'Oisans.
l'originale
Je veux le rendre jaloux et prends la même photo (en mieux). Mais le petit Jésus m'a puni: il a mis une goutte d'eau sur mon objectif et je vais rater plein de jolies photos!

:

A nouveau, je profite de la descente pour rattraper et doubler... l'castor senior et bientôt, je rejoins l'castor junior. Nous finissons la descente ensemble.
Quelques hectomètres de route caillouteuse fastidieuse qu'il faudra remonter tout à l'heure et nous atteignons la base vie
valsenestre est un joli village qui ne fonctionne que l'été....sans téléphone



Vendredi 12h08: pile poil l'heure de manger au ravito de Valsenestre
Je suis assez doué pour être aux ravitos aux bons moments.
Je retrouve Virginie surprise de me voir déjà là, elle me signale que quelqu'un veut me voir en cuisine.
Je découvre Rodio en chair et en os. Je suis content de le voir, depuis le temps que nous conversons à travers le forum! Il m'offre une bière et de la soupe.
Puis, je vais rejoindre mes petits camarades pour finir mon repas.
Je vérifie que rien ne m'intéresse dans le sac de la base vie, glandouille au soleil 5 minutes et je profite de l'élan général pour repartir.
Valsenestre - les 2 Alpes



Seulement, si je ne regarde plus mon tableau de marche, j'aimerais bien être arrivé pour l'apéro aux 2 alpes. Mon père m'attend. Je fausse compagnie à tout le monde et file.
La montée est longue, mais comme le ciel est dégagé, on peut admirer la montagne aux alentours.


Elle est loin d'être fastidieuse... sauf les derniers 100 ou 200m de dénivelée avant le col qui se fait dans les nuages sur un chemin tout neuf qui serpente dans les ardoises.

Vendredi 15h11: col de la Muzelle
Et voilà! Au loin, on voit les 2 Alpes. Dernière descente à venir. Mais pas des moindre: 1700 mètres d'un coup.
le petit village, tout au fond, c'est les 2 Alpes!
Après la photo souvenir, je m'élance sur le sentier, m'amuse dans les névés et trottine pour atteindre le refuge éponyme.

Une petite montée me permet d'avoir le temps de regarder un berger marquer ses moutons. Une tourbière est protégée. Puis on reprend la descente sur un sentier en cours (?) d'aménagement.
Cette descente est longue. Les cascades sont splendides. On traverse par deux fois un cours d'eau sur un petit pont de bois.

Au bout d'un moment, mes pieds chauffent. Promis: prochain ruisseau, je me déchausse et trempe mes pieds.... seulement, le ruisseau, on le longe, mais 10 m plus haut. A aucun moment, je ne serai au même niveau!
le Bourg d'Arud (à droite), Venosc (à gauche) et les 2 Alpes (en haut)
Une jolie cascade, des blocs en travers du chemin, et enfin un beau sentier de promenade. Je pars en courant. Enfin! Depuis combien de temps n'ai je pas couru? Mes cuisses apprécient ce changement de rythme, j'ai presque l'impression de faire des étirements. Je me laisse enivré par la sensation quand soudain, face à moi, se dresse mon supporter.

Quelle bonne surprise! J'embrasse mon père et nous descendons ensemble vers le Bourg d'Arud.
17h2O Le Bourg d'Arud
Là, il récupère sa voiture pendant que je franchis le pont. Et ça remonte. Je repasse en mode marche nordique dès que la pente augmente. Seulement, je suis sur la route et ça fait beaucoup de bruit... tant pis. Je rattrape un coureur, c'est celui avec qui j'ai partagé la photo souvenir du col de l'Aulp Martin.
vous vous en souvenez? je vous avais demandé de le mémoriser ;o)
 Nous échangeons à peine deux mots que voilà déjà les coureurs devant nous rattrapés à leur tour: mince! La fille avec qui nous avons échangé les photos souvenir avant la Chapelle et son pacer aux cuisses impressionnantes. Décidément, nous avons tous avancé à la même vitesse, quelques soient les tactiques utilisées.


17h34 Le ravito de Vénosc
Mon père a garé sa voiture, il me rejoint pendant l'enregistrement à l'entrée.

Je prends 1 verre, 2 chips, 1 bouffée d'oxygène et je repars. Plus rien ne sert de s'éterniser ici. En traversant la route, j'averti mon père:
« j'ai la pêche et je vais tout lacher! Il reste 700 m de D+, je te retrouve à l'arrivée dans 1h05! ». Mon père sourit et monte dans sa voiture pendant que je repars en poussant sur les bâtons. C'est parti: banzaï!
Ce n'est pas le tout d'aller vite, il faut chercher son chemin au milieu du village. J'essaye de suivre les flèches et les rubalises. Bon, les flèches je ne les vois plus, mais j'aperçois une rubalise au loin, je fonce dessus. Un sentier! Tout de bon! Je monte ce single quand tout à coup, un VTT me fonce dessus.
Je traverse la route et reprends ce single en pestant contre l'orga: "comment peut on nous faire remonter là. C'est dangereux! Ces VTT qui dévalent à toute vitesse et le manque de visibilit..."  « Hé! Ne montez pas là c'est dangereux! » je me retourne: un automobiliste m'explique que je suis en train de me planter, que c'est la piste de descente des VTT, qu'ils ne sont pas partageurs, et que si je le suis, il me remet sur le bon chemin.


Me voilà en train de poursuivre une voiture.
Sur 300 m, je vous rassure. Je le remercie et débouche au coin d'une terrasse de café. Des escaliers! Je me précipite (c'est que j'ai un challenge, moi! Je dois épater mon père!). Et je me fais arrêter par deux clients de la terrasse, le chemin, c'est à gauche!
Décidément! Il va falloir que je me calme aux carrefours. Je repars un peu plus doucement.
D'hésitation en hésitation, j'arrive à un sentier bien balisé qui est indiqué clairement comme sentier découverte de la vallée. Alors, là, plus moyen de faire d'erreur. Je reprends la marche forcée.
J'explose le cardio qui passe rarement en dessous de 150. Faut dire qu'à force de m'économiser sur 170 km, je suis chaud et prêt à en découdre!
Je double facilement et lorsque j'arrive sous la télécabine, un italien est sur le point de finir la volée d'escalier. Il me voit et part en courant. Je ne change pas mon rythme pour autant.
En haut des escaliers, un monsieur avec une veste de l'orga me propose de m'accompagner. Avec plaisir. On part sur l'arrière de la station.
Dommage, pour le fun (et la frime) j'aurais bien aimer arriver sur la route principale.
Comme on parle, j'apprends qu'il n'est pas de l'organisation, mais qu'il a sur le dos la veste finisher. Mince alors! Qu'il est V3... Remince alors! Et qu'il est arrivé ce matin tellement tôt qu'il faisait encore nuit! Re-re-mince alors!
Le seul truc que je ne savais pas, c'est que c'était le papa de Bobchou.  Ça, je le saurai en rentrant à Dijon. Dommage.


18h45 La ligne d'arrivée
L'italien sprint pour me ravir la place. Plus de 24h après l'arrivée du premier... surprenant.
Photo du Bagnard: fulgu et papa Bobchou


J'arrive à mon tour.... sans voir l'ombre d'un supporter paternel. On me dépuce et l'italien vient me serrer la main. Je suis surpris et surtout ailleurs, il n'a pas du trouver notre échange chaleureux. Je m'en excuse ;o)
Je m'inquiète pour mon père, aussi, je lui téléphone.
« bin, t'es où? » « A l'arrivée...et toi? Tu es bientôt là? » « oui, je suis même déjà là! »
Il était dans la voiture à attendre!!! En révisant mon planning, il a vu que ce n'était pas 700 m mais 850 m qu'il y avait et surtout, que j'avais prévu plus de deux heures de montée. Il a donc pris mon annonce pour une blague. Comme si j'étais un petit comique! Quand il a entendu le  Bagnard et la Panthère crier, il a jeté un oeil et a juste vu l'Italien.
Pas grave, papa Bobchou et moi, on repart, non pas pour un tour, juste 10 mètres, et on revient pour la photo.
180 km de course méritent bien deux arrivées...
Voilà! Ça, c'est fait.


Qu'elle ambiance tout au long de ces 3 jours!
On m'invite à aller signer l'affiche de la course. J'aurais du arriver plus tôt, il n'y a déjà plus beaucoup de place. J'arrive quand même à insérer mes remerciements à l'équipe de l'organisation. Je n'ai jamais rien connu de pareil. Génial.


Je vais me doucher, parce qu'au bout de 3 jours...


Un petit tour dans la salle pour voir qui est là. Un petit crochet sur la table de massage. Encore merci à tous les masseurs et à la masseuse pour s'être aussi bien occupé de nous et avoir moins dormi (que moi, surtout).
Et, grand moment, nous allons au resto. Je commande illico un demi litre de bière! Arhhhhhh!
A la fin du repas, nous allons rejoindre Bicshow à sa table. Il me montre les splendides photos qu'il a prises avec son I4.
De nouveau, un petit tour dans la salle pour revoir les copains et hop! Au lit!
Enfin, plutôt: hop en voiture pour ¾ d'heure de route et hop, dans le sac de couchage sous la tente.
Le samedi, nous remontons sur Dijon. Quel dommage de n'avoir pu rester pour profiter de l'ambiance, des copains...et de la bière kikou d'elcap. Mais ma Jupette n'avait pas pu descendre. Si on avait su, si elle avait pu, elle se serait bien éclaté comme bénévole...




Et cette course alors?
Cette course, quelle course? Avec du recul, beaucoup de recul, presque un mois, j'ai un peu des remords. J'aurais du me forcer un peu plus. Je l'ai joué beaucoup trop cool, randonneur. Mais j'ai bien profité d'une montagne que je ne connaissais pas
Mais pourquoi ça? Parce que j'ai eu un défaut d'hydratation la deuxième journée. J'ai utilisé une boisson que je n'aimais pas et j'avais l'impression de boire assez, mais une petite gorgée ce n'est pas un verre!


Règle numéro 1: n'utiliser que des produits testé à l'entrainement. (tiens, j'ai déjà lu ça 250 fois, alors pourquoi l'ai je fait?)


Ensuite, je me suis facilement laissé aller à croire que je n'avançais pas quand j'allais mal. Mais non!
Si je regarde le tableau des temps de passage. (c'est une donnée qu'on ne peut avoir qu'après bien sûr), je vois que:
Si je suis 187 ème/ 281 au premier pointage, je suis 94ème/161 à l'arrivée. Je n'ai pas gagné de place, il y a seulement eu beaucoup d'abandon devant moi. Les gens qui ont joué la sécurité sont arrivés au bout. Il n'y avait donc pas de raison de s'affoler, ou plutôt de désespérer. Il fallait se faire confiance.


Règle numéro 2: Se faire confiance!


Avec tout l'entrainement que j'avais, j'aurais du me douter que je n’avançais pas si mal que ça.
Si je compare mes temps de passage avec les 160 autres finishers, je vois que j'ai:
l        le 85ème temps entre le départ et la Grave (pour 187 annoncé)
l        le 73ème temps entre la Grave et Monetiers
l       le 57ème temps entre Monetiers et Vallouise (je fais parti de ceux qui l'ont fait intégralement de nuit)
l     le 58ème temps entre Vallouise et la Chapelle (finalement, pas mal, même en se sentant un ton en dessous de ce que j'étais capable de donner)
l        le 31ème temps entre la Chapelle et Valsenestre (mon niveau enfin retrouvé)
l        le 34ème temps entre Valsenestre et Venosc (le temps du ravito est intégré)
l        le 3ème temps entre Venosc et l'arrivée (là, je vois que je me suis vraiment bien économisé)

Arrivé à La Chapelle, je pensais avoir raté pour de bon  l'espoir de faire un chrono correct, et que j'étais une pauvre loque fatiguée. D'où mon « abandon » de chrono et mon envie de rando alpestre de jour.
Et je vois que j'ai bien profité des bases vies:
l        97ème temps de repos au Monetiers
l        157ème temps de repos à Vallouise
l        154ème temps de repos à la Chapelle
En tout, seuls 2 concurrents auront passés plus de temps que moi arrêté.
Je me la suis quand même joué cool.
58h37 et une cote Rodio de 775, je suis bien loin des 45h envisagés...


Règle numéro 3: Il faut relativiser.
Ma « gestion » de course, m'a permis d'apprécier pleinement mes trajets, mes rencontres et l'ambiance. Je me suis économisé, j'ai donc fini sereinement sans séquelle. Prêt à repartir vers de nouvelles aventures.


Merci Arnaud et toute l'équipe du SMAG de m'avoir permis de vivre celle ci.




photos sur: https://picasaweb.google.com/115461084492891590763/20110727TOE